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Billets d'humeur
2 juin 2006

LE CADEAU ROYAL DE SEGOLENE A NICOLAS SARKOZY

segoleneJ'ai longtemps hésité avant de réagir à ce nouvel épisode de la palpitante série à suspense qui va nous tenir en haleine jusqu'en mai 2007. Mais oui, c'est évident. Ségolène Royal, le buzz politique du moment, n'a qu'une chose en tête, faire parler d'elle. Encore et encore et encore. Quoi de plus légitime après tout que de vouloir tenter de faire la pige à son potentiel adversaire dans la course au fauteuil Elyséen, surtout en reprenant au passage les rênes du cheval de bataille de celui-ci.

Prudence donc. Ségo et Nico sont dans un bateau et c'est à qui ramera le plus vite pour occuper l'espace médiatique. Tant que l'une rame à gauche et l'autre à droite, tout va bien, le navire tient le cap. Le problème c'est qu'avec les récents propos de la candidate à la candidature socialiste préférée des français sur la lutte contre la délinquance, on peut se demander si la barque ne va pas se mettre à tourner en rond, et le débat politique par la même occasion. Au risque de donner le tournis aux jounalistes, donc aux français.

Ce qui me gène, ce n'est pas le présumé durcissement du discours de Ségolène Royal. Pour qui s'intéresse un peu au personnage, ses appels au retour à l'ordre, même juste, n'ont rien d'étonnant. Malgré un relookage récent, la présidente de la région Poitou-Charente incarne tout de même plus l'image de la tradition que du progressisme. Inutile donc de feindre la stupeur et l'effroi quand elle annonce vouloir "remettre au carré les familles".  Ce qui coince à mon sens, c'est cette surenchère de phrases-choc à laquelle nous sommes en train d'assister. Décidément  il ne fait pas bon être jeune en France. Entre le karcher et la discipline militaire, les solutions proposées pour juguler la délinquance des mineurs n'offrent pas beaucoup de perspectives encourageantes. Ségolène Royal a déclaré ce matin sur France 2 vouloir "tarir le flux de la production de la délinquance de masse" de la même manière que l'on intervient sur une catastrophe humanitaire. Oui il y a urgence, mais ce n'est pas en transformant un caporal-chef décérébré en éducateur spécialisé que l'on supprimera le sentiment de déracinement que ressentent les jeunes de banlieue, ou d'ailleurs, à l'égard d'une société qui voit plus en eux une source de menaces qu'une réelle chance pour l'avenir du pays.

Je me répète, mais comment ne pas constater que l'objectif de Nicolas Sarkozy d'amener le débat présidentiel sur le terrain de l'insécurité n'est pas loin d'aboutir? Si Ségolène Royal a raison de pointer du doigt la faiblesse du bilan du ministre de l'Intérieur dans ce domaine, elle n'a toutefois pas manqué de tomber dans le piège qui lui a été tendu.  Au lieu de faire du suivisme, il eut été plus judicieux de proposer d'autres thèmes de réflexion. La question du chômage n'est-elle pas à ce point obsédante pour une grande majorité de français pour que l'on se permette de la négliger? Le développement de la précarisation du travail ne représente-t-il pas un risque de désocialisation (n'y voyez aucun jeu de mots) et de glissement vers la délinquance? Le dossier de l'aménagement du territoire, pourtant si important pour des zones urbaines laissées à l'abandon depuis tant d'années, n'intéresse-t-il personne? Et l'environnement? Et la santé?

"Ce n'est pas parce c'est difficile que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que c'est difficile" disait Sénèque. La difficulté pour nos politiques dans les mois à venir, ce sera sans doute d'oser éviter de succomber à la tentation de la démagogie. Pour l'instant c'est raté.

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