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Billets d'humeur
16 mai 2006

BAYROU LE FRONDEUR

C'était ce matin sur France Inter. François Bayrou faisait face au feu nourri des questions de Pierre Weill sur son incroyable décision de voter cet après midi la motion de censure du PS contre le gouvernement. Incroyable parce que depuis sa fondation, jamais l'UDF n'avait encore sauté le pas pour accompagner les socialistes dans une fronde contre un gouvernement de droite. Crime de lèse-majesté ou pas, le président centriste a dû batailler ferme pour expliquer son point de vue et ses motivations.

Pauvre François. Difficile de se faire une place au soleil dans un monde politique qui semble privilégier la bipôlarisation. Le journaliste de la radio publique, porte-parole du dogme, cherche à mettre au jour la faille dans l'argumentation de son interlocuteur. "Etes-vous encore dans la majorité?", "Comment vous positionnez-vous par rapport à Nicolas Sarkozy?", "Seriez-vous prêt à voter un texte avec les communistes?". En gros monsieur Bayrou (c'est un auditeur qui lui demandera), un militant de l'UDF peut-il encore affirmer qu'il est de droite?

Ne soyons pas naïf. Si François Bayrou agit de la sorte, c'est avant tout pour lui-même. Cet homme rêve d'un destin Elyséen, cela ne fait aucun doute. Toutefois il a le mérite de poser la question de la signification du clivage droite/gauche en France. Symbole de la gêne suscitée par l'idée de bousculer ce clivage, l'attitude d'un Pierre Weill qui s'accroche à cette confortable bilatéralité politique. Pourtant le débat aurait dû s'ouvrir naturellement en 2002. Quand un président de la République est élu avec 82% des scrutins, la gestion du pouvoir ne peut plus s'exercer de manière partisane, au profit d'un seul camp. Manque de bol, la Chiraquie n'a fait qu'exacerber ce clientélisme devenu insupportable pour bon nombre de citoyens. Avec le risque de subir un 21 avril bis.

Cela dit, au risque de me contredire, je ne crois pas que le devenir du pays passe par une fusion au centre. Au contraire, en attendant l'hypothétique instauration d'un gouvernement d'union nationale, le retour d'un vrai débat droite/gauche aurait le mérite de redonner plus de clarté au paysage politique. Pour cela, face à une droite décomplexée, il est temps que la gauche réaffirme son engagement pour des valeurs qui ont fait son histoire depuis Jaurès. Et ce n'est certainement pas François Bayrou qui contribuera à ce retour aux sources.

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