JOSPIN CANDIDAT?

Et si les médias se trompaient? Encore... Et si les sondages se fourvoyaient? Encore... Et si la candidature annoncée de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007 n'était qu'un leurre? Un formidable écran de fumée destiné à masquer le retour du candidat prodigue?

Manuel Valls, lui, ne s'embarrasse pas de si. Hier soir sur le plateau du Grand Journal de Canal +, le député-maire PS d'Evry a été très clair. Opposé dans un débat sur le projet de loi Sarkozy sur l'immigration à Valérie Pécresse, porte-parole de l'UMP, il a fait face sans sourciller à La question du moment. Je cite Michel Denisot : "Pour finir, selon vous quel est le meilleur candidat de votre parti pour la présidentielle?" Valérie Pécresse, dans son rôle d'attachée de presse, met en avant "la famille UMP" en prenant bien soin de ne nommer personne.
La tension monte d'un cran lorsque c'est au tour de Valls de répondre. Il débute sa phrase par : "Celui qui sorte le pays de la crise politique dans laquelle il est", puis insiste sur la nécessité pour le candidat de comprendre les enjeux européens et mondiaux. "Le candidat?" demande naïvement Michel Denisot. Imperturbable, Manuel Valls répond : "Pour cela, il faut de l'expérience, de la cohérence, de la continuité. Il faut un homme d'Etat, et donc moi je milite pour Lionel Jospin".

Pour être tout à fait exact, l'ancien conseiller de Lionel Jospin avait déjà affirmé le 28 avril dernier sur I Télé que le vrai-faux retraité de l'île de Ré serait sans doute "utile dans l'année qui vient". Cette position n'est pourtant qu'une fissure de plus dans la forteresse Royal. Après l'ami de toujours, Daniel Vaillant, c'est Elisabeth Guigou qui, le 26 avril, déclarait : "Je pense que Lionel Jospin est au-dessus du lot, vraiment à cause de l'idée que je me fais de la fonction de président de la République". Bertrand Delanoë ne s'était pas exprimé différemment l'année dernière lors d'une interview au Grand Jury RTL-Le Monde-LCI ("C'est actuellement l'homme d'Etat en France qui réunit le mieux les qualités de compétence, d'honnêteté intellectuelle et de rigueur").

Une chose est sûre, la candidature sur papier glacée de Ségolène Royal irrite de plus en plus de monde au PS. Mais en attendant l'automne, et la déclaration annoncée de Lionel Jospin, il va falloir se contenter de conjectures. L'été sera long...