SARKOZY IMPOSE LE DEBAT SUR L'IMMIGRATION

C'est incroyable comme la politique peut être simple à comprendre parfois. En quelques jours, le scénario de la présidentielle de 2007 vient de nous être présenté. Mieux, en plus de l'intrigue, nous avons aussi le casting. Enfin pour ce qui est de la droite.

Vous qui rêviez d'un grand débat sur la précarité, les moyens de lutter contre un chômage endémique, les problèmes de logement, les discriminations raciales, la parité homme/femme, l'environnement... bref pour tous ceux qui estiment qu'il est temps de parler des véritables préoccupations des français, j'ai le regret de vous annoncer qu'il faudra attendre encore un peu. Sarkozy, Villiers et Le Pen ont choisi pour nous. Le thème central de la présidentielle, ce sera l'immigration. Je sais, j'en vois déjà qui soupirent, un peu comme quand on leur annonce qu'il va falloir finir les restes du boeuf bourguignon dominical alors qu'ils sont astreints à ce régime depuis deux jours. L'immigration, pffff... encore? Mais oui ma bonne dame, c'est bien ce qui vous préoccupe le plus non?

En même temps quand on consulte les dernières enquêtes d'opinion, entre celle qui affirme qu'un tiers des français considèrent que la présence du Front National dans le paysage politique de l'Hexagone est enrichissante, et une autre qui précise qu'un français sur trois se dit ouvertement raciste, on saisit les intentions de la petite phrase lâchée par le président de l'UMP samedi dernier ("Si certains n'aiment pas la France, qu'ils ne se gênent pas pour la quitter"). Attention mesdames et messieurs, la grande chasse aux voix frontistes est lancée! Villiers l'a bien compris puisqu'il n'a pas attendu longtemps pour revendiquer la parternité des propos de Sarko. Dans son coin Jean-Marie lui pouffe tranquillement en affirmant que les français préfèrent l'original à la copie, renvoyant dos à dos les deux apprentis frontistes.

Les choses en sont là. Quatre ans après l'accession de Le Pen au deuxième de la course à la magistrature suprême, les français vont être une nouvelle fois privés de débat de fond sur des institutions dont tout le monde admet, la crise du CPE l'a démontré, qu'elles méritent beaucoup mieux qu'un simple échange de bons mots entre constitutionnalistes avertis. Encore une fois on va nous imposer un thème en affirmant qu'il est au coeur des préoccupations des citoyens, à grands coups de slogans calibrés pour exprimer La vérité soi-disant partagée par ceux forment ce que l'on appelle la fameuse majorité silencieuse. Cette surenchère sur l'immigration n'est pourtant qu'un leurre qui non seulement fait passer au second plan les véritables maux dont souffre notre société, mais en plus elle banalise un discours sectaire qui n'a aucun effet sur l'électorat du FN. Il suffit de lire les résultats d'un sondage CSA publié ce lundi dans le Parisien. Le Pen gagne deux points à 14% et devance Philippe de Villiers de dix points. A eux deux, ils totalisent 18% des intentions de vote au premier tour de la présidentielle. On saisi mieux maintenant l'objectif de la petite phrase de Nicolas Sarkozy. Quand je vous disais que la politique était simple à comprendre.

Comments

[ouinilourson]

Pas mal la chronique, Mike. Comme diraient les anglo-saxons, c est "PC" ("politically correct"). Un seul bémol toutefois : le fait de ne pas considérer l immigration (et partant la question brûlante des flux migratoires) comme une question centrale de notre société française. N est elle pas en relation avec la planète ?...L immigration est un enjeu politique majeur, facteur de stabilité ou d instabilité constitutionnelle , ce que tu sembles pointer d ailleurs.
Alors, montre une plus large conscience, ne te replie pas , comme les chevaliers de l extreme droite ou de l extreme gauche. Quitte les lunettes et adopte une longue vue... Et moins de place sera accordée à ces sophistes de l échiquier hexagonal.
Amicalement, et bonne semaine,
Ouini