LA VIE A CREDIT

Je vous salue Darty pleine de FNAC, le Crédit est avec vous... Désolé chers lecteurs pour cette digression religieuse, mais que voulez-vous, il y a des nouvelles qui méritent l'écrin étincelant du sacré. Il faut dire que pour certains, ce dont je vais vous parler peut tenir du miracle.

L'Observatoire de l'Endettement des Ménages, par la voix de Michel Mouillart, professeur d'économie à Paris X-Nanterre,  vient de publier son 18ème rapport annuel. L'information principale de ce document tient dans un chiffre : 58% des ménages de moins de 30 ans détenaient un crédit à la fin 2005, soit le taux le plus élevé depuis 15 ans. Pour comparaison ils étaient 55,7% en 2004 et 51% il y a deux ans. Eh bien quoi les déclinologues? Elle pas belle la vie? Sans blagues, ces chiffres sont bien le symbole d'une confiance en l'avenir, non? C'est du moins ce que déclare Michel Mouillart : "Cela traduit un regain des projets de consommation, mais aussi un recours accru au crédit pour faire face aux dépenses de la vie courante".

Confiance en l'avenir... C'est un peu l'histoire du verre à moitié vide et du verre à moitié plein. En effet ce taux d'endettement des jeunes s'explique notamment par une hausse du nombre de crédits immobiliers contractés (19,2% en 2005 contre 14% il y a deux ans). Chouette! La jeunesse accède enfin à la propriété alors que dans le même temps, paradoxe, les prix dans le bâtiment n'ont jamais été aussi élevés. Mais alors de quelle jeunesse parlons-nous? Durant la crise du CPE, c'est à qui dénonçait le plus fort la dramatique précarité d'une génération que les plus pessimistes ont même qualifié de perdue. J'admets honnêtement mes lacunes en matière d'économie. Pourtant j'ai du mal à concevoir que l'on puisse  envisager des jours meilleurs alors que le recours au crédit, à l'argent virtuel en quelque sorte, grimpe en flèche. Car cette tendance ne touche pas uniquement les moins de 30 ans, mais également les seniors, dont le taux d'endettement des plus de 65 ans est passé de 21,7% en 2004 à 24,6% en 2005.

Conclusion, cette belle confiance en l'avenir doit plutôt s'afficher du côté des organismes tels que Cétélem ou Sofinco, dealers de rêves et pourvoyeurs de découverts bancaires. Mais tout cela est logique après tout. Notre société est basée sur la notion de croissance forte, indispensable vecteur de création d'emplois selon les tenants de la bonne parole néo-libérale. Achetons achetons camarades, les marchands du temple nous attendent les bras graznouverts. Mais prenons garde à ce que consommation ne se transforme pas en consumation. A terme on risque de s'y brûler les doigts...

Comments

[Le rédacteur]

Qui se cache derrière le masque? Tout le mystère est là... Merci beaucoup pour ton compliment Easy's, je vais tâcher de poursuivre dans cette voie pour obtenir à nouveau ton plébiscite.

J'en profite pour publier cet erratum : A l'antépénultième ligne de ce billet, il fallait bien-sûr lire "les bras grand ouverts" et non "les bras graznouverts". Les néologismes, j'en raffole, mais bon faut pas trop en abuser non plus ;-)

[Easy's]

J'aime bcp ta premiere phrase...